La princesse et le pirate


Épisode 1 – 23 septembre

Il était une fois, dans un pays peu lointain, une jeune fille et un jeune garçon, venus chacun dans la capitale de l’amour pour étudier. Ils se rencontrèrent rapidement et s’éprirent d’un amour infini. Un beau jour, ils décidèrent d’en faire part à leurs parents et leurs amis, et leur avouèrent leur projet de mariage. Ils se mirent d’accord pour l’été suivant, et commencèrent à préparer cette grande journée dans le pays d’origine de la jeune fille, la Bretagne.

Pour bien faire, il fallait d’abord vérifier les origines de cette jeune fille, afin de se marier au bon endroit entourés des bonnes personnes, comme la tradition le veut. Un beau week-end de septembre, les deux fiancés rendirent donc visite au prêtre qui avait baptisé la jeune fille. Ce prêtre, à la retraite du côté de Saint-Suliac, leur raconta qu’au baptême de Marie (la fiancée), une vieille dame était présente, et se disait de la famille ducale bretonne, descendante directe d’Anne de Bretagne. Cette vieille dame avait aussi prétendu que Marie possédait une lointaine filiation avec la famille ducale, et qu’elle hériterait d’une famille noble touchée par un mauvais sort. Ce récit était bien étrange, mais tout à fait excitant. Nous retournâmes à Rennes pour fouiller dans les archives et interroger les notaires.



À force de recherches, nous finîmes par retrouver la trace de la grande famille bretonne de Richemont dans la généalogie de Marie à la bibliothèque de Bretagne à Rennes. Or, Arthur III de Richemont (maison capétienne de Montfort) fut duc de Bretagne au XVe siècle. Restait à trouver le notaire des Richemont pour connaître l’état de la famille, ses héritiers (il eut plusieurs femmes) et ses possessions. Mais on ne trouve pas un notaire si facilement, et on prend encore moins facilement rendez-vous avec lui ! Que faire ?

Nous prîmes donc un annuaire, décidés à appeler tous les Richemont que nous trouverions en Bretagne… Mais il n’y avait aucun particulier, cette famille semble donc avoir disparu de Bretagne ! Par contre, il y a 226 Montfort en Bretagne, ce qui rend difficile de tomber directement sur le bon ! Il nous fallait au moins un prénom. Ou bien retourner à la case départ en retrouvant la vieille dame du baptême.

C’est finalement le prêtre du Baptême qui nous a mis sur la voie : le village où cette dame habite porte son nom… Il s’agit de Christiane Monfort-Ronflette habitant Montfort sur Meu. Elle nous raconta les déboires de la famille ducale de Bretagne, ainsi que la malédiction qui pesait dessus : aucun de ses descendants n’avait pu obtenir le titre de Duc de Bretagne depuis la mort d’Anne de Bretagne en 1514. Le titre fut même usurpé par les Vallois-Orléans au XVIe siècle ! Il fut à nouveau utilisé par Louis de France au début du XVIIIe siècle, et très récemment, comble de la provocation, par un Bourbon ! Mais dès le XVIe siècle, la famille avait eu recours à une sorcière bretonne, qui avait jeté une malédiction sur tous ceux qui ne mériteraient pas le titre : ils ne se marieraient jamais, ou n’auraient pas d’enfants. Et c’est pour cela que les porteurs du titre moururent prématurément, et que personne n’en hérita jamais. Malheureusement, cette malédiction s’était retournée sur tous les prétendants au titre, ce qui fit qu’aucun prétendant n’en voulait plus. Et en remontant toujours plus haut, le titre allait donc revenir à Marie ! Méfiants, nous avons donc décliné l’offre. Mais la vieille dame n’en démordait pas, il fallait accepter l’héritage, c’était un honneur ! Refuser un titre qui vous revient est une trahison envers la famille de Bretagne ! Nous eûmes toutes les peines du monde à quitter sa maison ! Elle nous poursuivait de ses cris : Rappelez-vous ! Rappelez-vous madame la duchesse ! Honneur à la duchesse !

Pourtant, quelle ne fut pas notre surprise de recevoir le lendemain, dimanche, une lettre recommandée de Monsieur Magon du Bosc. Dernier héritier des Richemont de Montfort, il nous priait de venir le voir à son château pour affaire importante de succession…

Mais quel est donc ce château dont Marie doit hériter en même temps que son titre de duchesse de Bretagne ?


Épisode 2 – 23 octobre

La solution, seuls Philou et Marie l’ont trouvée, elle qui connaît la région ! La famille Magon du Bosc avait fait construire plusieurs châteaux sur la Rance proche de Saint Malo, et notamment une austère malouinière à Quelmer en 1715, dite Château du Bosc. Cela semblait une bonne piste, puisque Madame Monfort-Ronflette habite elle-même dans la région.

Nous y sommes allés, mais on nous répondit que la malouinière ne leur appartenait plus, et qu’il s’agissait sans doute d’un autre château. Or, le seigneur Aaron Pierre Magon du Bosc avait fait construire en 1758 un château, dit Malouinière du Montmarin, sur l’autre rive. Et en effet, c’est ici que Monsieur Magon du Bosc attendait Marie.
Il nous expliqua qu’il avait hérité du titre de Duc en épousant la fille aînée des Montfort - qui en avaient eu deux. La deuxième fille ne s’étant pas mariée, il était le seul à revendiquer le titre de Duc, et l’héritage des Montfort lui avait permis de racheter le château de ses ancêtres. Mais voilà, il n’avait pas eu d’enfants, et il lui revenait la charge de trouver un successeur. Cette tâche était ardue, la plupart des héritiers potentiels ayant quitté la Bretagne. Heureusement, Marie était encore là, et comme elle comptait se marier en Bretagne, c’est à elle que revenait ce titre.
Cependant, il y mit deux conditions. 1 : Que le mari (Benoît) ne soit pas un marin, car il détestait les armateurs depuis que Benjamin Dubois (grand armateur) avait racheté son château pour en faire un chantier naval, et haïssait par là même tous les marins. 2 : Faire reconnaître aux cours royales d’Europe le titre des Duc de Bretagne, afin de ressortir de l’oubli.



Nous avons donc accepté le challenge, sachant que nous héritions en prime de son château. C’est donc ici qu’aura lieu la noce. La première chose à faire était d’annoncer notre mariage à toutes les familles royales d’Europe, afin de les y inviter, et de s’introduire ainsi dans leur milieu. Nous reçûmes rapidement des félicitations des quatre coins du continent, et même d’outre-manche ! Pourtant, cela ne faisait par rire Versailles, à qui l’idée d’une Bretagne indépendante donnait des frissons, et rappelait l’époque où elle dépendait de puissances étrangères. De grandes recherches furent donc lancées sur les origines de Benoît, afin de vérifier qu’il n’était pas un descendant des familles royales anglaises ou autrichiennes.

Soudain, un bruit se mit à courir… Les bruits courent très vite dans les cours royales… Benoît était un pirate. Benoît avait écumé les caraïbes, ainsi que les Bermudes, la mer de Chine, la Méditerranée, et même la Manche ! Son grand-père était capitaine pirate avant d’entrée dans la marine… Un bateau était en construction pour lui à Saint-Malo ! Nous courûmes à Saint-Malo pour démentir cette rumeur, mais le responsable du chantier naval, sans doute soucieux d’attirer des touristes, nous soutint que son bateau était bien destiné au pirate Benoît, futur Duc de Bretagne ! Le scandale grossissait, et les preuves s’accumulaient, même si les rumeurs étaient contradictoires.

Enfin, les archives françaises trouvèrent qu’un des ancêtres de Benoît avait effectivement obtenu une lettre de corsaire au XVIIe siècle. Son bateau, du nom de Vasa, existe toujours, et mentionne cette lettre et son capitaine. Reste à trouver dans quel port mouille ce vaisseau de combat… En espérant qu’il ne faudra pas chercher jusqu’en mer de Chine !

En attendant, pas question de se dégonfler et de céder aux rumeurs ! Les préparatifs du mariage continuent.


Épisode 3 – 23 novembre

Dans 2 jours, nous fêtons notre premier anniversaire de fiançailles. L’occasion de s’offrir un petit week-end à l’étranger. Et pourquoi ne pas rendre visite à une cour royale, afin de nous faire connaître autrement que par les rumeurs ?
Justement, Jean-Louis et François ont trouvé la réponse à l’énigme du bateau pirate censé avoir appartenu à l’ancêtre de Benoît. Le Vasa se trouve à Stockholm, dans un musée qui lui est spécialement consacré. Nous contactons donc la famille Bernadotte, qui règne effectivement sur la Suède, mais est d’origine française. Dans ces conditions, la reine Beatrix nous fait un accueil chaleureux et nous confie que pour elle, les origines ne comptent pas autant que ce que l’on devient. En ce sens, les Suédois sont une exception qu’expliquent leur histoire mouvementée et leur caractère tolérant. La Reine est donc très honorée de profiter de notre première visite à une cour étrangère, et elle nous emmène voir le Vasa, ce fameux navire fraîchement repêché du fond de la rade.

Le navire est monumental, et Benoît est presque fier de son ascendance… Le problème, c’est que les autres familles royales, mises au courant de la même façon que nous, ne l’entendent pas de cette oreille ! Elles sont même fortement opposées à ce mariage ! Marie reçoit constamment des sollicitations de Vienne, Berlin, Londres ou Madrid, lui intimant de renoncer à ce mariage absurde et contre nature. Et de la part du Seigneur Magon du Bosc, peu de soutient évidemment ! La reine Beatrix nous conseille donc d’attendre que la pression se relâche en nous faisant un peu oublier, et éventuellement, acheter un quelconque titre de noblesse pour changer l’image de Benoît.



Retour sans gloire en Bretagne, où le Montmarin ne nous appartient pas encore. Il nous faut trouver absolument un moyen de briser cette prophétie, qui bloque tous les héritiers des Ducs de Bretagne dans leurs projets de réhabilitation. Et ce mariage doit avoir lieu, si l’on veut que la famille ducale survive. Seulement, quel prêtre voudra donc nous marier, en connaissance de cause, et quelle église ouvrira ses portes au mariage de la Duchesse de Bretagne avec un pirate ? Sûrement pas la cathédrale de Rennes ! Et quelle duchesse irait se marier en secret ? Ou à l’étranger ?

Comme nous ne trouvions pas de solutions, nous allâmes demander conseil à Madame Monfort-Ronflette, dont l’âge garantissait une certaine expérience des histoires compliquées. Effectivement, elle trouva un conseil à nous donner. Elle connaissait une vieille sorcière qui vivait dans les bois du pays malouin. Il n’était pas facile de la trouver, car elle se méfiait de toute forme de vie humaine. Si on voulait la rencontrer, il fallait donc franchir à pieds les bois jusqu’aux menhirs nommés « les roches du Diable », puis appeler son chat « poisson », qui nous guidait ensuite jusqu’à sa cabane. Et une fois là, il fallait payer en huile de foie de morue, chose qu’elle ne peut pas trouver dans sa forêt.

Nous entreprîmes donc l’aventure vers Miniac-sous-Bécherel, sans oublier l’huile dans un flacon bien bouché, à cause de l’odeur, ainsi que des petites sardines pour attirer le chat. Tout se passa comme prévu et nous pûmes expliquer notre affaire à la sorcière, qui ne parut pas impressionnée d’avoir en face d’elle les futurs Ducs de Bretagne en personne. Elle nous apprit que la malédiction qui pesait sur nous pouvait être brisée si nous nous marions sous la protection du moine Suliau, fils du Roi Bromail des Pays de Galles, dans une église plus ancienne que la prophétie. Celui-ci, en sa qualité de prince étranger, ne craignait pas les prophéties bretonnes, et avait déjà protégé les Seigneurs de Rieux, de Bérighen et de Bellière en Pleudihen. Nous trouverions cette église en Bretagne dans un lieu saint. Nous avons bien tout noté, car son vocabulaire étant limité, il était impossible de lui demander des précisions.

Maintenant, à vous de jouer, voyons voir si vous trouvez avant nous où nous devons aller, en espérant que la solution existe !


Épisode 4 – 23 décembre

L’énigme de la sorcière était bien tordue, tout comme son nez. Mais les recherches de notre cousin Samuel et de Anne-Laure sur le moine Suliau nous ont vite menées vers Saint-Suliac. Au VIe siècle, ce moine hermite s’installa sur ces lieux et fut à l’origine de la paroisse, où fut créé un monastère au XIIe siècle et une église au XIIIe siècle. L’église a depuis conservé sa silhouette, malgré quelques restaurations et la disparition du monastère. Elle est donc plus ancienne que la prophétie qui ne date que du XVIe, et elle se situe dans un lieu saint, puisque le village lui-même s’appelle Saint-Suliac. Il nous faut donc nous marier là ! Reste à convaincre le prêtre…

Seulement, le prêtre oppose un non catégorique à notre demande ! Le sujet est trop politique ; cela n’est pas de son ressors mais de celui de l’archevêque… Que faire ? Tenter directement notre chance, ou préférer passer par quelqu’un du clergé, qui pourra présenter des arguments convaincants en notre faveur… Nous décidons d’en parler d’abord à un prêtre plus conciliant… du côté d’Orléans, histoire de s’éloigner de la polémique bretonne.

Mais en sortant de chez Marie, grande frayeur ! Un couteau siffle entre nos deux oreilles, parti d’on ne sait où… et se plante dans la porte ! Et accroché au couteau, on peut lire un message… Sonnés, nous vérifions d’abord si nos oreilles tiennent encore à notre tête. Et puis nous lisons le parchemin tremblant encore contre la porte : « Frère pirate, sœur princesse, si vous tenez à vos vies et à vos biens, abandonnez tout de suite cette idée de mariage. Les pirates n’ont pas besoin de chef, et la Bretagne nous appartient ».

Que faire ? Contre-attaquer, ou faire profil bas ? Nous décidons d’aller trouver le Roi de France, afin qu’il nous aide à lutter contre les pirates. Cela rassurera le roi d’avoir des soldats en Bretagne, et nous le mettrons ainsi en confiance. Nous nous rendons à Versailles, et après bien des demandes, nous sommes admis pour une audience… où le roi se montre malheureusement bien arrogant, et refuse d’accéder à notre requête. « J’ai besoin de corsaires pour défendre les côtes, l’Anglais convoite toujours nos terres, et c’est le moyen de dissuasion le plus pratique qui soit. La preuve, cela fait 500 ans qu’il ne s’est pas aventuré en France, il n’est pas question que cela change !»



Pas de chance pour le roi de France, le jour même, un émissaire anglais annonce que le prince Charles a décidé d’épouser la duchesse de Bretagne. Marie est bien surprise, puisqu’elle n’a rien demandé, mais Benoît semble définitivement disqualifié. En apprenant cela, le roi de France déclare qu’il n’y a pas de Duc ou Duchesse de Bretagne, et que toute personne revendiquant ce titre serait passible de la peine de mort ! L’Angleterre répond alors qu’elle se place Grand Protecteur de la Duchesse de Bretagne et de la Bretagne elle-même. Ce qui signifie qu’elle déclarera la guerre à tout pays qui entrera en guerre contre la Bretagne.

Nous quittons rapidement la capitale avant que les protagonistes n’en viennent aux armes… et nous partons à la recherche d’un prêtre de rang, qui acceptera de nous marier. Pendant ce temps, cela barde entre la France et l’Angleterre… Le prince de Hanovre a proposé aux Français d’être leur candidat face au prince Charles. Et il a dores et déjà obtenu le soutien de Berlin et de Vienne, qui ne veulent pas revoir les Anglais sur le continent. Du coup, les Anglais ont demandé au roi d’Espagne son soutient pour défendre la Bretagne face à la France et ses alliés. La guerre est imminente. Le Pape tente d’appeler au calme, et propose la solution d’une Bretagne neutre, mais cela n’intéresse évidemment personne ! Et les Anglais l’accusent de prendre parti pour Benoît le pirate !

C’est officiel, la France a déclaré la Guerre à l’Angleterre, et s’apprête à envoyer des troupes de l’autre côté de la Manche. De leur côté, les Anglais, alliés aux Espagnol, ont organisé un blocus général des ports Français, y compris Bretons. Marie lance alors un appel à toutes les forces vives de Bretagne, afin qu’ils prennent possession des châteaux et fortifications et défendent fièrement le Duché. En attendant, nous devons choisir notre prêtre, de préférence quelqu’un qui nous connaît et en qui nous aurons confiance… À qui pensez-vous ?


Épisode 5 – 23 janvier

Nous avons enfin trouvé un prêtre ! Il s’agit de Richard, le prêtre de nos fiançailles ! La tâche qui lui est dévolue ne s’annonce pas facile, dans un pays maintenant en guerre, mais nous croyons fermement que l’Amour vaincra !

Réconfortés, nous rentrons donc en Bretagne. Le conflit s’enlise. L’Irlande a annoncé qu’elle « s’engageait à défendre le Duché de Bretagne face aux velléités impérialistes du Royaume d’Angleterre, conformément à la volonté du Pape ». Elle a été suivie par le Doge de Venise, qui a invité sa flotte à débloquer les ports de Bretagne, « afin de sécuriser le commerce vénitien ». Il faut faire vite : par la terre, les troupes franco-allemandes approchent, même si elles sont ralenties par une offensive espagnole.

Mais à peine rentrés, nous sommes attaqués : Marie reçoit une flèche dans son chapeau ! Une fois à l’abris, nous constatons qu’un message est enroulé autour de celle-ci : « Ceci est notre dernier avertissement. Quittez la Bretagne, vous ne nous apportez que des ennuis ». Constatant que la menace pirate n’a pas faiblit, nous décidons alors de fuir quelques temps… en Inde, où personne ne revendique la Bretagne !

Le pays du thé et des cocotiers nous enchante, et nous passons des journées entières à en découvrir les paysages et les temples. Les Indiens sont extrêmement accueillants, ils nous font découvrir les spécialités du pays et nous hébergent volontiers. Un Maharadja nous a même reçus dans son palais du Kerala ! Il a écouté avec intérêt notre histoire, et s’est dit très honoré de recevoir les futurs duc et duchesse de Bretagne. Il veut d’ailleurs nous aider et nous présente son fakir personnel, l’imprévisible Mr Anantharaman (toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé serait purement fortuite)… Très fort en hypnotisme et en prestidigitation, il avait réussi à convaincre les Anglais de ne pas renverser le Maharadja ! Il peut donc recommencer avec la Bretagne !



Ce fakir fait également partie des conseillers personnels du Maharadja ; il est donc très avisé et très intelligent, en plus d’avaler les sabres ! Il nous propose donc son aide, et afin d’y réfléchir, nous emmène dans un temple proche de Madurai. Il nous invite à le suivre au milieu des colonnes multicolores ornées de mille dieux, jusqu’à l’autel réservé aux hindous. Qu’à cela ne tienne, il est conseiller personnel du Maharadja et hypnotiseur, donc il nous fait passer facilement. Nous approchons les statues les plus saintes et vénérées du temple, chacune ornée de fleurs, de fruits, et honorées en permanence par un brahman. Ce brahman nous met de la poudre orange sur le front, le suivant de la cendre, et le dernier de la poudre ocre… nous en ressortons presque hindous ! Enfin, nous nous dirigeons vers l’école des brahmans, et nous pouvons à nouveau parler.

Nous lui exposons donc la situation : la Bretagne est cernée par les Anglais alliés aux Espagnols, attaquée par les Français alliés aux Allemands, Autrichiens et aux pirates, et défendue par les Irlandais et les Vénitiens… Deux prétendants veulent épouser Marie : le Prince d’Angleterre et le Prince de Hanovre, les autres la préfèrent encore morte pour récupérer sa succession. Enfin, personne ne veut de Benoît le pirate en Bretagne, pas même les pirates !

Mr Anantharaman se met alors à léviter et à élaborer des plans dans sa tête. Selon lui, la première chose à faire est de désorganiser les alliances de l’adversaire et d’organiser la sienne. Puis gagner une victoire symbolique pour décourager l’adversaire et le forcer à négocier. Mais surtout, nous ne devons pas nous faire oublier et occuper le terrain politique. Nous repartons donc sans plus tarder avec Mr Anantharaman direction Bretagne. Avec qui devons nous donc nous allier pour gagner notre première victoire ?


Épisode 6 – 23 février

De retour en Bretagne, notre fakir nous expliqua son plan (assez alambiqué pour que personne d'entre vous ne l'ait trouvé! désolé François) : nous allons convaincre les pirates de collaborer avec nous et nous allons combattre tour à tour les Anglais et les Français. La situation sur le terrain s’est dégradée ; les nations étrangères se souciaient peu de notre sort personnel. Les Anglais assiégeaient Saint-Malo, et les Français avaient pris Rennes et marchaient sur Dinan ; notre future Malouinière du Montmarin était donc directement menacée !

Nous donnons un rendez-vous secret aux pirates à la cité d’Aleth, sous prétexte de leur vendre des armes. Cinq chefs se présentent. Ils sont épuisés par la guerre que leur livrent les Anglais, les Irlandais, les Vénitiens et les Génois. Nous leurs exposons alors notre plan : concentrer toutes nos forces à Saint-Malo pour battre les Anglais, puis proposer une alliance aux Irlandais et aux Italiens. Hypnotisés par M. Anantharaman notre fakir, ils acceptent d’agir selon nos plans.

Nous livrons bataille le lendemain. Les navires anglais sont regroupés dans la baie de la Rance, et leurs soldats campent tout autour des fortifications, construisant des tours et des catapultes. Les pirates ont donc commencé par dissimuler leurs vaisseaux dans les rochers entourant Saint-Malo, et ont profité des brumes pour bombarder les navires par surprise. Les Anglais, coincés dans la baie, n’ont pu s’échapper, ni répliquer car ils ne distinguent pas les bateaux pirates. Dans le même temps, nous soudoyons un éclaireur pour qu’il aille annoncer aux soldats anglais que les troupes françaises approchent de Saint Malo pour reprendre la ville. Les Anglais, en sous-effectif, décident de se replier vers leurs navires, mais en découvrant la débâcle, nous n’avons qu’à les bombarder pour qu’ils se dispersent. Saint-Malo est libérée !

S’engage alors une nouvelle phase de négociations : Nous invitons les émissaires irlandais et italiens, et leur proposons une alliance contre l’Angleterre, forts de notre récente victoire. Ils acceptent, et nous coordonnons nos forces pour couler les anglais à Lorient, Quimper et Brest. Sentant le vent tourner, les Anglais se retirent de la bataille, tout en maintenant leur proposition de Mariage. Aux yeux des Bretons, nous sommes donc leurs sauveurs, et pas les Français. C’est une première victoire.



Mais Rennes est toujours occupée, Dinan menacée, et les Français alliés aux Autrichiens et aux Allemands repoussent facilement les Espagnols. Il faut donc à nouveau utiliser la ruse. Nous allons donc voir les généraux français, et nous leur proposons une trêve. Ça n’est évidemment pas tellement de leur goût, mais notre fakir leur présente tous nos arguments de façon convaincante : nous avons repoussé les Anglais, nous avons le soutien des Italiens et des Irlandais, et le peuple Breton est avec nous. Si la France et ses alliés continuent la guerre, ils se rendront très impopulaires. Bien sûr, ils nous prennent de haut. Ce sont tous des Versaillais qui sortent de Saint Cyr, et peu leur importe le soutien des Bretons, du moment qu’ils gagnent la guerre ! Nous leur proposons donc le statu quo : la Bretagne reste propriété de la France, nous sommes ses vassaux, et nous maintenons l’ordre. Ce cas leur convient finalement, puisqu’ils repartent vainqueurs.

De son côté, le prince de Hanovre bougonne : il voulait épouser la Duchesse de Bretagne ! Du coup, il veut laisser ses troupes stationner à Rennes. Et nos alliés rentrent chez eux puisque le cessez-le-feu est signé. Nous devons donc à nouveau utiliser nos talents diplomatiques si nous voulons exister aux yeux du grand monde. Qui pourrait donc nous aider au point où nous en sommes ? Qui cherche un allié en Bretagne pour affaiblir le Roi de France ? Et quel allié serait assez puissant pour tenir tête à la France ?



Épisode 7 – 23 mars

Même si beaucoup d'entre vous ont été assez inventifs, c'est notre fakir qui nous a donné l’indice décisif : en cette période encore fraîche, orientons nous vers les pays chauds, et notamment le Royaume d’Espagne. C’est dans sa forteresse de Grenade, en Andalousie, que le roi d’Espagne nous a invité en secret pour nous proposer ses services. Rappelez-vous, ses alliés les Anglais l’avaient lâché lorsqu’il était venu les soutenir en Bretagne contre les Français et les Allemands. Il est donc assez vexé par ce camouflet diplomatique, et souhaiterait se rattraper, en doublant si possible tout le monde sur le destin de la Bretagne. Cependant, le cessez-le-feu qui vient d’être signé l’empêche de reprendre la guerre.

Le roi d’Espagne propose donc de soutenir notre mariage, en échange de quoi nous devenons son vassal. C’est bien sûr impossible à faire admettre aux Français si cela se passe en Bretagne, mais il a un plan : pourquoi ne pas les organiser ici, dans cette forteresse de rêve qu’est l’Alhambra ? Aucune armée ne viendra aussi loin pour défier un mariage aussi insignifiant. En revanche, s’il héberge les noces, il est normal que le roi d’Espagne entretienne un lien privilégié avec les ducs de Bretagne. Cette idée nous plait, et nous lui promettons d’y réfléchir.

Voyant qu’il a retenu notre attention, le Roi d’Espagne nous propose de l’accompagner à Séville, où il va résider quelques semaines à l’Alcazar, afin de surveiller ses affaires coloniales. Nous le suivons donc dans les magnifiques vallées de la Sierra Nevada, entourés d’une forte escorte. Ces soldats, nous dit-il, ne sont là que pour le protocole, et n’ont pas vocation à se battre. Pourtant, au détour d’une halte, ils nous signalent que la menace maure rôde toujours dans les parages, et qu’il ne fait pas bon s’y aventurer seul. Ils sont aussi nombreux que les pirates sur la mer ! Pas de chances, nous avons déjà horreur des pirates ! Enfin entourés de cette escorte, nous ne risquons rien. Par contre, si nous invitons ici du beau monde pour nous marier, il ne faudrait pas qu’ils soient capturés !



Tout comptes faits, et après avoir consulté notre fakir, nous décidons de ne pas organiser notre mariage en Andalousie. Reste à expliquer ce contretemps à notre hôte le Roi d’Espagne… Tout en le maintenant parmi nos amis. Que faire ? L’inviter à notre mariage en Bretagne ? Certainement, mais cela ne suffira probablement pas à le réconforter ! Il faut lui donner un rang qui lui permette de se sentir important par rapport aux autres. Et pourquoi pas celui d’hôte de notre voyage de fiançailles ! Cela donne un certain cachet ! Arrivés à Séville, nous lui expliquons que les ducs de Bretagne sont obligés de se marier en Bretagne pour pouvoir revendiquer leur titre, sans quoi ils ne sont rien. Cependant, il sera l’invité d’honneur en tant qu’hôte du voyage de fiançailles.

Le roi d’Espagne est un peu déçu de ce lot de consolation. Mais sa femme la Reine apprécie beaucoup qu’on pense à l’Andalousie pour venir en voyage de fiançailles, et elle aussi rêve de venir en Bretagne. De plus, le roi se dit que sa présence à ce mariage donnera un petit air international à la Bretagne, ce qui suffira à énerver les Français. Il accepte donc de venir et soutient notre mariage. De plus, il nous conseille d’aller voir ses anciens ennemis et toutes les cours d’Europe, afin de les inviter également, et de donner à ces noces un caractère vraiment international.

Très sympa le Roi d’Espagne ! Nous avons donc un allié de plus. Mais vers qui aller maintenant ? Il reste bien une cour incontournable à l’est, dont le pouvoir s’étend sur toute l’Europe centrale. Mais nous n’y sommes pas tellement bienvenus, étant donné qu’elle nous avait déclaré la guerre. Heureusement, la reine d’Espagne nous arrange un rendez-vous au café Central et nous procure un laissez-passer. Reste à trouver où se situe ce café !


Épisode 8 – 23 avril

Nous quittons Séville et nous nous embarquons pour Venise. Par chance, aucun pirate ne nous inquiète, et nous arrivons dans la Sérénissime sans risquer notre vie. De là, une voiture tractée par 8 chevaux nous guide à grand train vers… Vienne ! Merci à Ghislaine, Thomas, Claire et François d’avoir trouvé notre destination. N’étant pas invités, le passage de la frontière nous pose quelques problèmes. L’empire accepte sans regret les commerçants qui nous accompagnent et surtout leurs conséquents droits de douane. Mais les aristocrates en tous genre, surtout s’ils sont séparatistes, ne sont pas les chouchous de Sissi !

Il faut donc déjà ruser... Nous nous faisons passer pour des touristes, sous l’identité de notre amie Ghislaine, elle-même régulièrement en visite dans le pays. Pour tranquilliser les gardes, nous obtenons même une confirmation de bienvenue de la part d’aristocrates autrichiens de la famille de Ghislaine. Enfin, nous pouvons reprendre notre route à travers les Alpes. Et quelques jours plus tard, nous entrons dans Vienne. Nous nous installons de manière provisoire chez la famille de Ghislaine, histoire de ne pas éveiller les soupçons, et nous filons au café que nous ont recommandé nos fidèles amis, le Café Central.

Par chance, Sissi y prenait un Einspänner ce jour là entourée de toutes ses demoiselles de compagnie. Nous tentons donc de nous incruster, mais avec une pareille dame, ce n’est pas une chose facile ! Nous tentons donc d’aborder une duchesse qui nous semble moins compliquée. Il s’agit de la duchesse du palatinat. Elle se montre très intéressée et très serviable. Elle présente rapidement à Sissi, qui en revanche ne s’intéresse pas trop à nous. Mais elle nous invite toutefois au château, pensant que nous intéresserions son mari l’empereur.



Effectivement, l’empereur d’Autriche s’intéresse à nous, et il est même flatté que nous venions le voir après la guerre qu’il a mené contre nous en compagnie des Français. Nous lui expliquons tout d’abord que ce n’était pas contre nous mais contre les anglais, puis nous lui exposons nos affaires : nous comptons bien nous marier, mais nous avons besoin d’aide, car les pirates et la noblesse française y sont opposés, sans compter de nombreuses nations étrangères. Nous comptons donc sur lui pour nous appuyer dans cette entreprise.
L’empereur d’Autriche a du mal à voir ce que cela lui apporterait, mais affaiblir ou du moins énerver son collègue le roi de France n’est pas une mauvaise chose ! Il nous donne rendez-vous au lendemain pour connaître sa décision.

Dans la soirée, nous tentons de plaider notre cause auprès de personnages influents de la cour autrichienne. Heureusement, la duchesse du Palatinat nous retrouve et nous présente à tous sous les meilleurs auspices. Et le lendemain, l’empereur nous reçoit très cordialement, nous proposant d’être le Grand Protecteur de notre mariage et de la Bretagne libre. Nous acceptons chaleureusement, lui indiquant au passage que le roi d’Espagne bénéficie du même titre. Il est un peu déçu, mais nous lui assurons qu’il sera, avec sa femme Sissi, l’invité d’honneur de notre mariage.

L’empereur nous demande cependant une dernière chose : aller convaincre l’empereur allemand Guillaume II de le suivre sur ce point, ainsi que de lui faire admettre les frontières actuelles entre leurs Etats et ne pas tenter d’étendre sa zone d’influence vers le sud. Il nous faut trouver un intermédiaire afin de nous rendre à Berlin. L’empereur d’Autriche nous suggère un roi dont la capitale se trouve sur le chemin. Il nous donne rendez-vous au Zwinger. Qui est-ce ?


Épisode 9 – 23 mai

Nous n’avons pas mis longtemps à trouver où se trouve le Zwinger : François, Anne et Claire nous ont mis sur la voie. Et en Autriche, tout le monde connaît ce magnifique palais baroque. C’est donc le roi de Saxe qui nous invite à passer par sa capitale. Nous partons vers la Bohème que nous traversons rapidement pour arriver à Dresde.

Le roi de Saxe nous fait à notre arrivée un accueil très chaleureux et nous embarque pour Berlin avec les personnages les plus illustres du Fürstenzug (frise incontournable à Dresde). Décidément, nous sommes soudain très bien accueillis par toute la noblesse européenne ! Et notre arrivée à Berlin fait l’objet d’une grande réception au palais de Potsdam ! L’empereur en personne nous salue et nous présente à sa cour. Et il accepte immédiatement d’honorer notre demande d’audience privée fixée au surlendemain. Si l’on connaît l’agenda de Son Altesse, on comprend que cette faveur est très spéciale.

Le lendemain, nous employons notre loisir à la découverte de la capitale de la Prusse, devenue dernièrement tellement puissante. Enfin l’audience arrive, et c’est alors que Guillaume Ier nous fait part de ses attentes très exigeantes. Il nous propose de déclarer l’indépendance de la Bretagne, et dans la foulée, la guerre à la France. Bien entendu, il soutiendrait dans cette guerre où nous serions alliés. De plus, il garantirait notre indépendance et nous donnerait même un droit de vote à l’élection du prochain empereur en échange de nos modiques impôts. Ces conditions nous semblent cette fois inacceptables, mais nous n’osons pas le lui révéler en face. Nous lui promettons donc une réponse réfléchie pour le lendemain.



Le lendemain matin, nous décidons de faire nos bagages pour d’autres cieux plus cléments. Les Pays-Bas nous semblent un bon compromis, cette monarchie étant notablement plus pacifique que les autres, et de plus, ils auront la compréhension des gens de la mer. Nous rédigeons notre message pour l’Empereur juste avant notre départ, lui disant que nous n’avons aucun intérêt à quitter la vassalité française pour la vassalité allemande. D’autre part, personne en Europe ne veut une nouvelle guerre. L’empereur d’Autriche le prie même de reconnaître leur frontière commune. Nous espérions un soutient plus franc de sa part, à l’image des autres rois que nous avons déjà rencontrés.

Il paraît que l’empereur Guillaume Ier s’est mis dans une colère noire en lisant notre message, et en apprenant que nous étions déjà partis. Il a alors déclaré la guerre à Bretagne, et dans la foulée à l’Autriche qu’il veut annexer. Par contre, cette réaction a choqué toute l’Europe. En effet, personne ne veut une nouvelle guerre, et personne ne veut donner la Bretagne à l’Allemagne. Tous les rois d’Europe envoient donc des messages de protestation à Guillaume Ier, l’engageant à trouver d’autres moyens pour régler ses problèmes, car s’il veut la guerre, il se battra seul contre tous.

Arrivés à Amsterdam, l’ambiance se détend. La reine des Pays-Bas, Blandine, se fait très conciliante et nous promet de trouver une solution à l’entêtement de l’Allemagne. La paix ne lui semble pas un objectif inaccessible. Tous les pays peuvent avoir un rôle à jouer en Europe. La reine réunit donc tous les diplomates présents auprès d’elle et les invite à plancher sur la question : quelle solution acceptable par tous permettrait de ramener la paix en Europe, si possible définitivement ?


Épisode 10 – 23 juin

Hé oui, la reine des Pays-Bas a trouvé la solution : faisons un traité d’Union Européenne ! Pour cela, la reine convie tous les dirigeants européens à Maastricht afin de signer un traité d’Union novateur et ambitieux. L’idée séduit même au delà de nos espérances : 12 pays répondant à l’appel, parmi lesquels l’Allemagne et la France.

En revanche, nous préférons nous faire discrets et laissons la France nous représenter. Blandine étant devenue notre amie, nous lui faisons pleinement confiance pour ne pas nous oublier dans ce traité européen. Nous restons donc tranquillement à Amsterdam en attendant la conclusion du Traité. Mais soudain, une barque pleine de pirates armés jusqu’aux dents apparaît dans le canal que nous longeons. Sans nous laisser le temps de nous méfier ou d’appeler au secours, ils subtilisent Marie qui marchait au bord des quais et disparaissent au coin du canal suivant. Que veulent donc ces pirates urbains ??? Sans attendre de revendication, je me précipite à leurs trousses, interrogeant les passants sur la direction empruntée par la barque. Et je me retrouve finalement au port.

Au bout de quelques instants d’observation, j’aperçois une voile surmontée d’un pavillon noir prenant le large... Les pirates ! Toujours aucune revendication, mais je commence à comprendre... Ces hors la loi, jaloux de notre réussite auprès des cours royales, ont enlevé la duchesse afin de s’assurer que le mariage n’aura pas lieu. Ils l’emmènent probablement dans un de leurs repères... Il n’y a pas de temps à perdre. Je repère donc le premier bâtiment en partance pour la Bretagne, et je m’y embarque.



Le commandant, qui est en route pour New York, comprend mon désarroi et accepte de me déposer à Saint-Malo, où il en profitera pour faire une escale technique. Par chance, c’est un Français qui vient de la région parisienne. Mr Lacharme (toute ressemblance avec un personnage existant ou ayant existé serait purement fortuite) me raconte qu’il voulait initialement entrer dans la marine, mais les aléas de la vie l’ont conduit commandant de navire marchand. Le bâtiment file à vive allure et je nourris intérieurement l’espoir que nous rattrapions les pirates. Mais lorsque nous atteignons les Îles anglo-normandes, toujours pas de pavillon noir devant nous.

Je propose alors à Thomas Lacharme, le commandant, de faire escale à Jersey plutôt que Saint Malo, sachant qu’il s’agit là d’un repère de pirates. Je commence ainsi mon enquête incognito, me faisant passer pour un marchand étranger en quête de pirates vendant leur butin. On ne tarde pas à me raconter que les pirates mâloins viennent malheureusement de s’embarquer pour l’Amérique avec des pirates des caraïbes. Le bruit courrait qu’ils emmenaient une princesse prisonnière dans leur cale… Il me ne me restait plus qu’à convaincre Thomas de filer vers les caraïbes au plus vite. Effectivement, les pirates nous avaient déjà pris un jour d’avance. Thomas accepte avec enthousiasme, et nous filons ensemble à la poursuite des pirates des caraïbes !

Au bout de trois jours, à force de scruter l’horizon, j’aperçois une voile au loin. À tout hasard, je propose à Thomas de nous orienter vers elle. Petit à petit, nous distinguons un navire d’aspect guerrier, et nous nous persuadons qu’il s’agit là des pirates. Cependant, n’étant pas armés, nous préférons rester à distance ! Tout en prenant garde à ne pas les perdre de vue. Soudain, les voila qui changent de cap, au milieu de l’Océan ! Auraient-ils décidé de revenir en Bretagne ? Mais non, c’est nous qu’ils ont aperçu ! Branle-bas de combat ! Tout le monde sur le pont ! Malheureusement, nous ne sommes pas des pirates, et ils sont bien mieux entraînés que nous. Rapidement, nos matelots se rendent, et nous sommes constitués prisonniers.

Les cales du navire étant sombres et humides, je ne distingue d’abord rien, j’entends seulement Thomas, qui se retrouve dans la même geôle que nos marins et moi. Les pirates des Caraïbes se séparent, une partie d’entre eux récupérant le navire de Thomas. C’est alors que j’entends une faible voix féminine qui nous demande qui nous sommes… Pas trop d’enthousiasme, je lui donne calmement mon nom et lui demande le sien… Marie ! Incroyable ! Nous ne nous étions pas trompés de navire ! Malgré notre situation précaire, ma joie est à son comble ! Je ne le montre pas trop cependant, par respect pour mes compagnons de geôle, mais aussi de peur d’être identifié.

Un jour, alors que le bruit court que nous approchons de Barbade, une dispute éclate sur le navire à propos du sort des prisonniers. Visiblement, les pirates mâloins réclament une part du butin de notre ancien bateau ainsi qu’un bon prix pour la Princesse (les princesses se vendent mieux que les duchesses !) alors que les pirates des Caraïbes ne semblent pas disposés à leur offrir plus que la traversée gratuite… Quelques sabres s’entrechoquent, quelques coups de feu partent, puis le silence revient. La cale s’ouvre, quelques prisonniers entrent les mains ligotées répondant à des ordres bretons. Et le bateau continue sa course à travers l’océan, ou plutôt la mer des Caraïbes.

Enfin un jour, les pirates bretons viennent nous voir et nous proposent la liberté en échange de notre aide à la navigation jusqu’au Chili, où ils comptent remettre la princesse aux autorités espagnoles. Les marins acceptent, et nous nous retrouvons sur le pont, avec face à nous le canal de Panama. Nous nous engageons sur le canal, et les soldats viennent contrôler notre cargaison. Les pirates bretons expliquent qu’il s’agit de pirates des Caraïbes qu’ils comptent remettre au gouverneur chilien. Nos marins n’ayant pas des têtes de pirates, cela convainc les contrôleurs du canal et nous naviguons tranquillement jusqu’à Santiago. Thomas demande à tout hasard aux pirates ce qu’ils comptent faire de Marie… « C’est notre affaire » lui répondent-t-ils.



Lorsque nous arrivons à Valparaiso, les pirates nous laissent partir, pendant qu’ils se présentent aux autorités militaires pour monnayer leur prime en échange des pirates faits prisonniers. Rapidement, je me rends à Santiago à la Moneda avec Thomas, le siège des autorités espagnoles, afin de plaider la libération de Marie. Finalement, c’est auprès de l’ambassadeur d’Espagne que nous trouvons du soutien : il a entendu parler de nos fiançailles au palais de son roi, et sollicite fortement le Gouverneur pour qu’on libère Marie. Heureusement, le navire n’a pas encore quitté le port, où les pirates bretons célèbrent la rançon obtenue. Mais les soldats coupent court aux réjouissances en suggérant une visite des cales. Marie est enfin libérée, et les pirates sont faits prisonniers en attendant leur jugement.

Quelle n’est pas notre joie de nous revoir tous deux sains et saufs, et surtout libres, même si nous sommes au bout du monde. Julien, un Français travaillant à Santiago, nous accueille chez lui en attendant que nous trouvions un navire pour rentrer. Le lendemain, en cherchant un bateau pour le retour, nous apprenons que les pirates bretons ont été relachés car aucune charge n’a été retenue contre eux. Ils nous en veulent très probablement… Il nous faut fuir très rapidement. Julien nous conseille de partir vers le nord en direction de la Bolivie.

Mais nous n’allons pas fuir toute notre vie ! Il faut que nous trouvions un moyen d’empêcher les pirates de nuire. Il faut trouver un moyen de leur bloquer l’accès à Saint Suliac et au Montmarin pour notre mariage. Avez-vous une idée ?


Épisode 11 – 23 juillet

Alors que nous nous trouvons en plein désert d’Atacama, une idée nous vient ! Faisons construire un barrage sur la Rance ! François et Anne avaient raison : cela empêchera les pirates de la remonter jusqu’au Montmarin. Mais pour cela, il faut beaucoup d’argent… Là aussi, nous avons trouvé une idée… demandons des fonds structurels à Bruxelles, qui finance les grands projets européens depuis que le Traité de Maastricht a été signé.

Nous faisons donc demi-tour et revenons à Santiago pour nous embarquer rapidement pour l’Europe. Après un périple moins mouvementé que l’aller (maintenant que les avions existent !), nous atterrissons à Paris d’où nous prenons le train pour Bruxelles. Enfin nous arrivons sur le quai de Bruxelles-Midi, et nous sommes accueillis par le roi en personne qui se réjouit que nous soyons sortis des griffes des pirates. Il nous accueille dans son palais et nous lui racontons notre histoire.

Puis nous lui faisons part de notre projet de construire un barrage sur la Rance, afin de protéger la Bretagne des agressions répétées de ces pirates. Mais le roi est sceptique : « nous ne sommes plus au Moyen-Âge, on ne construit plus de grandes fortifications comme ça ! » « Mais la ligne Maginot ? » « ça n’est pas Bruxelles qui financera ça ! »… Ah, il nous faut donc trouver d’autres arguments…

Le lendemain, nous allons voir les Autorités Européennes et leur proposons notre projet. Mais les préposés aux projets structurels nous expliquent qu’on ne nous donnera pas de l’argent comme ça : il faut d’abord effectuer une étude d’utilité publique, remplir toutes les normes de qualité et de sécurité, trouver des partenaires pour co-financer le projet, trouver des partenaires pour entretenir le barrage et enfin que le projet soit voté à l’unanimité…



Rendez-vous compte ! Un mariage ne dépend pas uniquement du bon vouloir des souverains d’Europe, il s’agit également de se débrouiller avec toutes les complexités administratives… Heureusement, nous connaissons un espion dans cette machine infernale : mon ami Fabien. Nous filons donc le voir, afin qu’il nous sorte de cet imbroglio. Fort de son expérience au siège de l’Agence Loire-Bretagne, il connaît toutes les conditions possibles et imaginables permettant de rendre un barrage administrativement utile. Il faut tout d’abord que celui-ci produise de l’électricité, et pour cela, il faut du courant… La Rance n’en produit pas beaucoup, il faudra donc trouver autre chose. Arnaud notre fakir nous fait remarquer qu’à défaut d’eau douce, il y a le flux des marées, très hautes du côté de Saint-Malo, qui produira de l’énergie.

Enfin le dossier d’utilité public est clôt, et nous pouvons le soumettre aux autorités locales, au conseil général, aux autorités Bretonnes, à celles de France et enfin à Bruxelles. Personne ne répond malheureusement, et Fabien nous porte à nouveau secours en faisant publier par l’agence Loire-Bretagne le fonctionnement de ce barrage révolutionnaire fonctionnant à la puissance marémotrice. Du coup, toutes les administrations veulent y participer pour se mettre en valeur. Nous sommes sollicités par tout le monde, et Bruxelles ne prend pas même le temps d’organiser un débat avec vote unanime. Un appel d’offre est émis et un promoteur est désigné pour construire ce barrage.

Ravi de notre opération, nous effectuons un tour de chantier afin de contrôler si les travaux avancent assez vite. C’est alors que nous voyons s’avancer à l’horizon quelques pavillons noirs… les pirates ! Rapidement, nous prévenons les militaires de la base navale de Saint-Malo, mais il est trop tard, les pirates bombardent déjà le barrage et les ouvriers ont fuit. Pourtant, la marine parvient à encercler les pirates, qui doivent faire volte-face pour se défendre, et qui finissent par fuir. La catastrophe a été évitée de justesse, mais les pirates nous ont laissé un message, planté par un couteau sur notre porte : « Nous détruirons ce barrage, puis l’église de Saint Suliac, puis la Malouinière du Montmarin, et enfin vous. »

Nous avons donc décidé de nous doter de protecteurs pour ce grand jour… Mais qui seront donc nos témoins ?


Épisode 12 – 23 août

Le jour de notre mariage est enfin arrivé, et nous avons trouvé des témoins de choix pour ce grand jour : Anne, Arnaud, Fabien, Ghislaine, Thomas et Blandine. Leurs rôles et leurs origines très divers nous ont permis d’éviter maints écueils. Anne de Bretagne a mobilisé toute la noblesse Bretonne à notre mariage, tandis que notre fakir Arnaud a hypnotisé tous les pirates avec son violon. De son côté, Fabien a fait valider notre mariage au sommet de l’administration française, qui n’y a rien trouvé à redire. Ghislaine a fait jouer ses réseaux afin de concilier les requêtes de toute la noblesse invitées. Thomas nous a confié son navire pour traverser la Rance, et Blandine nous a fait bénéficier de sa garde rapprochée.

Mais une fois la messe achevée, ils se sont soudain volatilisés. Selon certains espions, ils estiment que nous méritons une dernière épreuve. Selon d’autres témoins, ils se sont cachés dans le parc pour nous tendre un piège. Nous avons donc décidé de ne pas prendre de risques et de vous laisser mettre au clair cette énigme.

Trois équipes se sont formées dans le jardin du Montmarin, menées par nos enfants d'honneur. Ils ont rencontré tous nos témoins, qui leur ont donné de précieux indices. L'ensemble de ces indices les a menés en déduire notre future destination : le Vietnam !

C'est donc dans ce magnifique pays, ainsi que son voisin le Cambodge, que nous nous sommes envolés le 25 août... L'histoire de notre mariage se finit ainsi - puisque nous sommes mariés - mais elle se poursuit dans notre rubrique
Voyage : Vietnam.


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